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Eglise

PETIT GUIDE DE VISITE de L’EGLISE DE NADAILLAC-LE-SEC

par Martine Cessac



L’église de Nadaillac apparaît sous le vocable de Saint-Denys dans la collection de Clément VI. Ancien prieuré-cure, elle faisait partie de la collation de l’abbaye de  Saint-Amand-de-Coly ce qui expliquerait qu’on ait bâti dès le XI ème siècle, une telle église dans une si petite bourgade.

Cependant, pour les habitants de Nadaillac, c’est Saint-Clair le saint patron de l’église : une statue et un vitrail le représentent.

Quoi qu’il en soit, c’est une église romane de la fin du XI ème siècle, contrairement aux édifices religieux des alentours qui datent plutôt de la fin du XII ème. Elle présente un chœur à abside polygonale voûté d’un cul de four, une coupole à pendentifs plats triangulaires, partie munie d’un haut bahut défensif qui donne à l’église une allure «mi-militaire, mi-mystique». Le puits à gauche de l’autel semblerait confirmer l’idée que l’église servait d’ultime refuge aux habitants.

Cette église a été dotée à l’époque classique, grâce à la générosité des paroissiens, d’un intéressant mobilier qui «exprime l’art baroque de la contre-réforme avec une saveur rustique et une certaine force».*

Le rétable, en bois doré et polychromé, avec des parties dorées à la feuille , s’organise autour d’un tabernacle dont la porte est sculptée d’un Christ portant sa croix. Ce tabernacle, saillant, est entouré d’une guirlande sculptée de fleurs et de feuillage. L’ensemble s’encadre de deux enroulements formant ailerons et portant des anges adorateurs agenouillés. Au-dessus du tabernacle, un gros socle sculpté de têtes d’angelots porte un thabor encadré de deux anges debout, soutenant un dais constitué par une couronne sommée d’une croix. Des enroulements de feuillage et des rinceaux ajourés, de style Louis XV, encadrent l’étage du thabor. Le tout repose sur un degré sculpté de rinceaux.

Deux statues de 1,20 m, en bois doré et polychromé, du XVII ème siècle, encadrent l’autel et sont posées sur des culs de lampe de bois sculptés de feuilles grasses et de têtes d’angelots :

Saint-Pierre, reconnaissable au trousseau de clefs, tient un livre ouvert appuyé contre sa poitrine. Sa robe est plissée et son manteau  posé en drapé. Son visage, rude et viril, s’encadre d’une chevelure et d’une barbe généreuses.

De l’autre côté Saint-Denys-de-Paris : l’évêque porte une soutane à ceinture haute et un ample manteau. Sa main gauche tient quelque chose qui ressemble à une palme. La tête est coiffée de la mître ; le bas du visage est littéralement dévoré par une barbe fluviale. Cette figuration de Saint-Denys est inhabituelle : on le représente plus volontiers en « céphalophore » c’est-à-dire portant sa tête entre ses mains.

L’une des chapelles présente une statue du XVIIe en bois doré et polychromé de 1,75 m. L’identification se fait à l’indication « Saint-Clair » peinte sur le socle ainsi que sur le vitrail de cette même chapelle. Le saint, debout, porte un long surplis sur sa soutane ; le grand manteau s’écarte par le mouvement des bras tendus ; une longue étole et une mître complètent le costume. Le visage est banal, avec une belle barbe noire. La main droite bénit, la gauche porte la crosse.

Une pietà très colorée, encadrée de deux angelots posés sur socles, et certainement bien plus récente, fait face à la statue de Saint-Clair : au pied de la  grande croix ornée d’un drapé, d’où son Fils vient d’être descendu, la Vierge tend une main suppliante.

L’autre chapelle s’orne d’une Vierge à l’Enfant haute de 1,30 m. , en bois doré et polychromé,  du XVIIIe siècle. Elle tient l’Enfant sur son bras gauche. Les plis de la robe, du manteau et du voile sont bien rendus ; les visages sont corrects. L’effet de légèreté et d’élégance est obtenu par les proportions qui exagèrent la hauteur du corps de la Vierge.

Des croix, d’autel ou de procession, certaines  en cuivre argenté du début du     XIX ème siècle, complètent le mobilier. La grande croix a récemment  retrouvé sa place traditionnelle : elle a été réinstallée en face de la chaire pour «rappeler au prêtre qu’il doit prêcher Jésus-Christ» ; il en est de même pour le chemin de croix restauré en 1999.

Le grand tableau installé sur le mur de droite au fond de l’église a été « sauvé » de l’oubli en 1999 grâce à  la détermination de l’abbé Ventoze qui, l’ayant repéré alors qu’il était  relégué depuis des années  dans la tribune où il ne cessait de se détériorer, l’a fait restaurer à Lembras par Mme Royère.

De même en  2000, la commune a fait  équiper et restaurer par Jean Boisserie , Maître artisan dinandier à Cublac, le grand lustre qui se dégradait dans les combles de l’église. Il a retrouvé sa place initiale au-dessus de l’allée centrale.

De part et d’autre de l’escalier du fond, on peut remarquer deux bénitiers en pierre. Celui de gauche est composé de deux parties : une vasque imposante repose sur un pied sculpté. Celui de droite est de facture rudimentaire. N’oublions pas enfin le petit bénitier inclus dans le mur à droite de l’autel.

Depuis le décret du 2 février 1998 réorganisant le diocèse de Périgueux et Sarlat, Nadaillac fait partie de la paroisse des Trois Ermites en Terrassonnais (Saint-Sour, Saint-Amand et Saint-Waast) qui regroupe 18 communes autour de Terrasson-Lavilledieu.